Blog de Xavier Monnet

Des membres de l’espèce Homo Sapiens découvrirent à la fin du XIXème siècle l’existence des gènes. L'apparition de ce concept d’unité de base de l’information décrivant les caractéristiques physiques des êtres vivants fut possible par l’observation de la transmission des traits héréditaires de génération en génération et grâce au calcul probabiliste permettant de prévoir l’apparition de ces caractéristiques.

Depuis cette époque, nombres d’Homo Sapiens ont étudié ce concept jusqu’à en découvrir le support physique ainsi que son alphabet permettant de lire et de comprendre ces plans d’architecture ou cahiers de spécifications du vivant que sont les gènes, ces séquences d'acides désoxyribonucléiques ou ADN.

Au début des années 2000, des équipes de chercheurs se sont lancés à la poursuite d’un rêve : celui de proposer un génome minimal, c'est-à-dire une liste de gènes restreinte et suffisante pour produire des organismes vivants. En d'autres termes, un alphabet simplifié afin de parvenir, dans un premier temps, à écrire des phrases simples dans le langage du vivant.

10 ans plus tard, en mai 2010, ils sont parvenus à créer un génome artificiel, qui a été implanté dans une bactérie. Ce matériel génétique artificiel n’a non seulement pas été rejeté par l'organisme vivant, mais il a pris le contrôle de la cellule bactérienne et a pu entamer sa réplication. L’Homo Sapiens qui avait déjà trouvé il y a quelques décennies auparavant le moyen de perturber le comportement naturel de cellules en modifiant le matériel génétique à l’aide de radiations nucléaires, vient de faire un pas de plus vers une nouvelle façon de faire qui permet, cette fois, d’en contrôler l’évolution et le résultat.

Cela veut donc dire, qu’Homo Sapiens peut maintenant programmer de la vie qui aura pour objectif d’être utilisé comme outil. La vie artificielle au service de la vie humaine.

Ce futur nous fait rêver mais aussi émerger des craintes et interrogations.

Parmi ces interrogations, je ne peux m’empêcher de me demander quelle serait ma réaction si je découvrais que j’étais moi-même le fruit d’une création artificielle, programmé pour l’accomplissement d’une tâche dont je ne pourrais me détourner et dont je ne serais pas capable de comprendre le sens à mon échelle de compréhension?

Homo Sapiens ou Homo Artificialis? Libre arbitre ou prédétermination?

Ou quand les avancés de la Science relancent des débats philosophiques vieux comme le monde...

Plus sur le sujet :

- Un génome artificiel aux commandes d'une cellule
- Synthetic Genome Brings New Life to Bacterium
- Le libre arbitre
- Le Déterminisme
- Le Destin